« En Afrique, une riposte durable au coronavirus ne peut occulter la question de l’eau » TRIBUNE de Fadel Ndaw

Publié dans : Actualité, Vie de l'association
(Le Monde du 14 Mai 2020)
Fadel Ndaw, ingénieur en eau et assainissement à la Banque mondiale, rappelle qu’entre 70 et 80 % des maladies sur le continent sont dues à la mauvaise qualité de l’eau et à l’absence d’installations d’assainissement adéquates.
« Alors que la première recommandation de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour se protéger du coronavirus est de se laver les mains fréquemment avec du savon, il est évident que pour lutter de façon durable contre la propagation du Covid-19 et prévenir toutes les pandémies à venir, la disponibilité d’eau potable à proximité immédiate des habitations pour l’ensemble de la population est un impératif.”

Au Burkina Faso, pays enclavé du Sahel, au moins 27 % de la population ne dispose d’aucun accès à l’eau potable et 60 % des habitants n’ont pas d’installations sanitaires, selon une étude de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l’Unicef. Des chiffres élevés mais encore bien en deçà de la réalité, tant le recensement est compliqué dans nombre de quartiers. Déjà très handicapant en temps normal, le faible accès à l’eau prend une acuité nouvelle avec la pandémie liée au coronavirus.

Or en Afrique subsaharienne, près de 63 % des populations urbaines, principaux foyers de la maladie, ont du mal à accéder aux services élémentaires d’alimentation en eau et ne peuvent pas se laver les mains. On estime qu’entre 70 et 80 % des maladies sur le continent sont dues à la mauvaise qualité de l’eau et à l’absence d’installations d’assainissement adéquates, comme la dysenterie et le choléra, qui sont parmi les principales causes de mortalité infantile. »

Un milliard de personnes défèquent en plein air, faute de mieux. Et 2,5 milliards vivent sans aucun raccordement à un système de collecte. Sans compter que celui-ci, lorsqu’il existe, ne débouche souvent sur aucune forme de traitement avant le rejet dans la nature.

 Les femmes et les filles surtout : ce sont essentiellement elles qui se chargent de la corvée d’eau, elles y consacrent encore deux à quatre heures par jour en moyenne dans les zones rurales. « Le principe de l’équité, peut-être davantage que n’importe quelle recommandation technique, porte en lui la promesse d’un monde où la sécurité de l’eau deviendra une réalité pour tous, » écrivent les rapporteurs. Globalement, 36 % de la population africaine ne dispose toujours pas d’un point d’eau accessible 

Fadel Ndaw propose 3 mesures majeures :

Augmenter les investissements dans l’eau et l’assainissement. 

Garantir la viabilité financière des sociétés de traitement et distribution d’eau. 

Réutiliser les eaux usées.